Joyce Carol Oates
Ce que j’ai oublié de te dire

Albin Michel, collection «Wiz»
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La collection
La présentation chez l’éditeur

Le livre

Tink est partie. Tink a abandonné ses amies qui pourtant étaient si proches d’elle. Le récit se construit autour de cette absence, de ce manque de Tink. Même le lycée est rempli du traumatisme lié à la mort d’une élève pas comme les autres. L’histoire progresse autour des ressentis des trois amies : Merissa, Nadia, et Tink (alias Katrina Traumer). Merissa, c’est la fille parfaite, celle à qui tout souri mais qui cache pourtant le terrible secret des automutilations qu’elle s’inflige depuis la mort de Tink et aussi en lien avec le divorce des ses parents. Nadia, elle, déteste son physique. Elle est harcelée par une bande de garçons. En plus, elle est tombée follement amoureuse d’un de ses profs. Autant de secrets inavouables que les deux jeunes filles n’auraient pu raconter qu’à Tink, la seule à pouvoir les comprendre. Tout fonctionne donc autour du secret. Dans la haute société américaine, le verni est de mise, et l’adolescence – époque ultime du mal-être- en fait les frais. En partant, Tink a laissé des zones d’ombres. Son secret à elle, elle ne l’avait pas partagé avec ses amis ; son suicide a donc été un choc. Pourtant, elle les avait prévenues de ne rien attendre d’elle, c’était même une des conditions à leur amitié. Aussi, pour combler ce vide, l’adolescente va revenir, par petites touches fantastiques, pour livrer son message et pour tenter de sauver ses amies du désespoir.

L’avis

Joyce Carol Oates décidément maître du le roman psychologique, a poussé l’introspection vers les sentiments des adolescents qu’elle a exploré avec minutie et dont elle nous fait un tableau sans concession dans ce roman cruel mais si proche de la vérité. Placés dans un contexte social privilégié, les adolescents de ce roman en sont pas moins enclins à la morbidité et au désespoir. L’auteure réussit le tour de force de nous faire voir les sentiments de l’intérieur sans pour antant qu’il n’y ait une narration à la première personne ; le lecteur est ainsi immergé dans le malaise ambiant comme s’il était l’une ou l’autre des ces filles à la dérive, perdue dans la détresse de leurs secrets impossibles à partager. Dans ce but l’écriture ne pose aucun mot au hasard dans un style volontairement rendu pesant parce que vecteur de sentiments si contradictoires et si lourds à porter.

Claire Dexheimer BM Bobigny

Dans la même famille

L’ambiance est proche de Virgin Suicides de Jeffrey Eugenides. On retrouve également dans Ecarlate de Christine Pawlowska les sentiments exacerbés d’une adolescente.

L’auteur

Joyce Carol Oates est née en 1938 à Lockport (État de New York) Auteure prolifique, elle écrit depuis l’âge de 14 ans et connait son 1er succès à 19 ans. Elle confesse que le livre de Lewis Caroll, « Alice aux pays des merveilles », fut sa plus grande influence littéraire. Très appréciée du grand public, elle a écrit des romans pour adultes et pour adolescents. Son roman Sexy écrit en 2007 pour les adolescents, a fait polémique par la façon très directe de traiter son sujet. Son roman « Blonde » inspiré de la vie de Marilyn Monroe lui a valu les éloges unanimes de la critique internationale. Son œuvre explore le mythe américain en décrivant la réalité sociale avec pessimisme et lucidité.