Les revues francophones de littérature : Le 7/05/10
Qu’est-ce que la « littérature francophone » ? Par définition, toute littérature écrite en langue française en participe ; serait donc francophone toute œuvre publiée en langue française, que ce soit en France ou ailleurs, par des auteurs de nationalité française ou non, d’implantation métropolitaine, des Amériques, de l’Afrique…
Pourtant, par une torsion de sens dont les raisons sont tant historiques et culturelles que géopolitiques, la littérature francophone en est venue à être constituée par toute œuvre qui, étant de langue française, provient d’un auteur qui ne parle pas depuis le territoire « franco-métropolitain ».
Cette définition, instable, ne peut suffire à définir un univers littéraire et esthétique cohérent, encore moins un genre, ou simplement « une » littérature. Et malgré tout une couleur et une trame d’interrogations communes semblent traverser ces écritures. Celle du décalage entre la langue et son territoire-centre, celle de l’ailleurs, de la différence. Une problématique spécifique sans doute à la création littéraire en langue française, et que l’on n’aurait peine, par exemple, à retrouver dans l’espace anglo-saxon, dont le différentialisme permet de considérer nullement différemment le statut de l’écriture anglaise, qu’elle soit d’ascendance indienne, américaine, caribéenne ou écossaise…
L’atelier Revues contemporaines du 7 mai 2010 s’est penché sur cet univers. À cette occasion, nous avons accueilli Fulvio Caccia, poète, romancier, essayiste, éditeur. Créateur multicartes, Italien d’origine et Québécois d’adoption durant une trentaine d’années, il est un acteur assidu et un connaisseur intime du monde des revues littéraires canadiennes.
Trois revues papier, une revue électronique et deux portails de revues ont été sélectionnés et présentés :
— sous format papier : Moebius, L’Étrangère, Pylône ;
— au format électronique, revue électronique : Bon-À-Tirer, portails : Sodep, Revues plurielles.
Vous trouverez dans et à partir de cette page :
— la présentation de Caroline Hoctan, à lire ici (» ou à télécharger en .pdf) accompagnée d’un « Panorama des revues francophone de littérature » et d’éléments bibliographiques (» c’est à découvrir en cliquant ici) ;
— l’enregistrement de l’intervention de Fulvio Caccia (» ici) ;
— la présentation des titres sélectionnés pour le comité (un peu plus bas, c’est-à-dire » ici).
Sommaire
Les revues francophones de littérature : présentation ⇒
Qu’est-ce qu’être un auteur francophone ? Le Québec littéraire de Fulvio Caccia ⇒
Sélection et parcours des revues ⇒
Les revues francophones de littérature, un état des lieux
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Synthèse rédigée par Caroline Hoctan à partir de multiples sources produites par des spécialistes du domaine.
» Télécharger le document au format .pdf
Écouter la présentation lors de l’atelier :
Durée : 11’12
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1. Introduction
2. Origine du terme et du concept
3. Vers une « littérature-monde »
Parcours de revues francophones
Pistes bibliographiques
1. Introduction
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Toute littérature écrite en langue française est une littérature francophone. Selon le Trésor de la langue française, le terme francophonie désigne en effet l’« ensemble de ceux qui parlent français, et plus particulièrement, l’ensemble des pays de langue française ». En ce sens, la France ferait partie de la francophonie, tout comme le Québec, la Belgique ou le Sénégal. La littérature française ferait donc partie de la littérature francophone ; cependant un écrivain de nationalité française provenant d’un département d’outre-mer, comme Aimé Césaire ou Édouard Glissant, est curieusement appelé écrivain francophone tandis qu’un Samuel Beckett ou un Eugène Ionesco se trouve au rayon de littérature française…
Comme en témoigne Tahar Ben Jelloun : « Est considéré comme francophone l’écrivain métèque, celui qui vient d’ailleurs et qui est prié de s’en tenir à son statut légèrement décalé par rapport aux écrivains français de souche. » L’institution littéraire française, et surtout ses circuits de distribution et de promotion du livre, restent fortement confinés à la production intérieure. Alors que le XXIe siècle est maintenant bien en cours, la question se pose toujours de savoir s’il sera un jour possible de donner aux lettres d’expression française une réelle légitimité à l’intérieur de l’espace hexagonal.
Le classement, on le voit, peut être lié à des questions idéologiques et peut avoir à faire avec des histoires de discrimination. C’est aussi dans la mesure où la francophonie est une histoire politique, fortement liée à celle de la décolonisation. Cependant, au-delà des polémiques, c’est peut-être du récent prix Nobel de littérature 2008, J.-M.G. Le Clézio, que vient la parole qui pacifie les conflits : Le Clézio ne conçoit pas d’opposition entre les deux appellations – français, francophone – et se définit justement comme un écrivain « français, donc francophone », même si le Tchadien Nimrod affirme qu’« il n’y a pas d’écrivains francophones ; cette épithète devrait être bannie de notre vocabulaire »…
C’est ce sujet délicat qu’abordera notre atelier, en examinant certaines revues de langues françaises publiées hors de l’Hexagone et dont la plupart éprouvent quotidiennement – à l’instar des écrivains – les menues vexations inhérentes à l’étiquette de revues dites « francophones ».
2. Origine du terme et du concept
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Prise dans cette acception, la littérature francophone (c’est-à-dire la littérature de langue française créée hors de France), hormis le cas de la Suisse et de la Belgique, s’est développée à la suite de l’émigration et l’installation de Français au XVIIe et XVIIIe siècle au Québec notamment, de l’implantation d’une présence française aux Caraïbes à la même période, puis des colonisations française et belge aux XIXe et XXe siècles, en Afrique et en Asie.
Dès les années 1930, des auteurs ont tenté une approche linguistique mêlant le français à leurs langues d’origine, tel le grand poète malgache Jean-Joseph Rabearivelo, ou encore le Martiniquais Aimé Césaire. Le modèle d’écriture est resté longtemps celui de la France, bien qu’aujourd’hui on ne compte plus les auteurs vraiment originaux qui se sont émancipés de ce modèle, notamment à partir des indépendances des années 1960.
De plus en plus d’auteurs, ayant vécu dans plusieurs pays, ou étant d’origine multiple, sont difficiles à classer par nationalité. À titre d’exemple, on peut parler de littérature « guadeloupéenne-sénégalaise » (pour l’œuvre de Myriam Warner-Vieyra), ou « haïtiano-québécoise » (pour Émile Ollivier). L’œuvre d’un Albert Camus ou d’une Marguerite Yourcenar nous rappelle que la nationalité n’est pas la seule façon de distinguer et de classifier les auteurs. Mais si son œuvre est écrite en langue française, elle appartient à la littérature francophone.
Dans le sillage de grands auteurs comme Ahmadou Kourouma, Sony Labou Tansi, Hector Bianciotti, Amin Maalouf ou Tahar Ben Jelloun, une nouvelle génération, classée comme écrivains francophones, a vu le jour dans le sillage des indépendances et de la décolonisation. Bien qu’ils entretiennent un rapport de contestation et de dé-construction avec les catégorisations du monde francophone, surtout avec un sentiment de jacobinisme linguistique, des auteurs aussi divers que Alain Mabanckou (prix Renaudot en 2006), Victor N’Gembo-Mouanda, Tanella Boni, Jean-Luc Rahamarinana, Monique Agénor, Raphaël Confiant, Patrick Chamoiseau ou Khal Torabully, parmi d’autres auteurs d’une réelle originalité, ont effectué un important travail sur la langue française. En effet, ils y ont apporté les inflexions de leurs langues et de leurs imaginaires, de leurs histoires encore à exhumer. Il est intéressant de suivre l’évolution de cette littérature qui trace des voies nouvelles et fortes dans une langue revisitée en profondeur.
3. Vers une « littérature-monde »
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Le débat grondait depuis longtemps, mais il a éclaté au grand jour en mars 2007. Il a pris la forme du manifeste « Pour une “littérature-monde” » en français » signé par un collectif de quarante-quatre écrivains, avec à leur tête Michel Le Bris, le fondateur du festival Étonnants voyageurs. Le « Manifeste des 44 », relayé par un livre paru trois mois plus tard, réunissant vingt-sept textes-professions de foi (Michel Le Bris, Jean Rouaud et Eva Almassy (dir.), Pour une littérature-monde, Paris, Gallimard, 2007), proclame l’émergence d’une littérature de langue française transnationale qui marque, selon ses signataires, la fin de la francophonie héritée de l’empire colonial français, trop empreinte d’un paternalisme révolu. Comme modèle, le collectif cite la nouvelle littérature anglaise, prise d’assaut par les enfants de l’ex-Empire britannique, alors que les institutions littéraires françaises tiennent les écrivains francophones en marge, une « variante exotique tout juste tolérée ».
Les auteurs s’élèvent aussi contre une vision trop politisée qui avait provoqué, en 2006, à l’occasion du Salon du livre de Paris ayant pour invitée la Francophonie, un vif débat à propos de l’invitation de l’un des meilleurs romanciers algériens, Boualem Sansal, au motif que son pays n’était pas membre des instances officielles de la Francophonie. Finalement, Boualem Sansal fut bel et bien invité et délivra une séance de dédicaces sur le stand de la Francophonie…
Parmi les signataires du Manifeste, on trouve quelques-unes des grandes figures des littératures francophones – Nancy Huston, Tahar Ben Jelloun, Amin Maalouf, Alain Mabanckou, Abdourahman Waberi, etc. –, mais aussi des écrivains français influents tels que J.-M. G. Le Clézio, prix Nobel de Littérature 2008, Erik Orsenna, Jean Rouaud et quelques autres. Cette solidarité des hommes et des femmes de la plume traduit, au-delà de la ligne de fracture français-francophone, une nouvelle étape dans la réorganisation des lettres de langue française. Francophones et Français se reconnaissent dans ce concept de littérature-monde tandis que les institutions de la Francophonie – malgré des efforts dont l’un des plus notables est la remise du prix des Cinq Continents, ouvert à tous les écrivains de langue française d’où qu’ils viennent – peinent à réunir sur un même plateau les deux tribus. D’où la question « qui tue » : pourquoi la littérature française n’est-elle pas considérée comme une littérature francophone parmi d’autres ?
Considérant que les dérives de la littérature française contemporaine peuvent amener les écrivains à la mode à privilégier une littérature narcissique, essentiellement tournée vers le « moi » de l’auteur et ses petits maux, les signataires du Manifeste considèrent au contraire que la littérature ne peut laisser passer cette chance de l’ouverture aux grands bouleversements que vit le monde et à la description de territoires qui, pour être parfois lointains, n’en sont pas moins habités par des hommes et femmes qui vivent et parlent le français.
En effet, pour Michel Le Bris, la littérature française, enfermée dans les limites nationales, n’était pas loin de devenir exsangue. D’une part, elle était écrasée sous les injonctions d’un formalisme récemment dénoncé par Todorov dans La Littérature en péril (Flammarion, 2006), le triomphe du structuralisme et de la théorie ayant imposé « une conception étriquée de la littérature» et fait disparaître le récit d’aventures sous les « aventures du récit » ; victime, d’autre part, du succès de sa propre institution, la littérature était en danger de « se réduire à n’être plus que simulacres, rituels de passage par lesquels des coteries se reconnaissent et se perpétuent ». Pour échapper à ces deux fléaux, Le Bris estime urgent de réhabiliter le récit et la capacité de la littérature à « dire le monde », en partageant l’expérience du voyage notamment. Il faut aussi donner toute leur place aux écrivains venus d’ailleurs, de la même façon que la littérature de langue anglaise a accueilli en son sein des écrivains de partout. Pour cela, Le Bris propose de remplacer l’étiquette « francophone » par une catégorie plus englobante : la « littérature-monde ».
Certains peuvent se demander s’il était bien nécessaire de troquer la terminologie habituelle au profit de « littérature-monde». Le roman n’a-t-il pas eu de tout temps l’ambition de dire le monde et de faire voyager le lecteur dans des zones inconnues ou difficilement abordables du monde physique ou psychologique?
En fait, l’étiquette « francophonie » serait acceptable si elle désignait effectivement l’ensemble des littératures d’expression française, comme ce devrait être le cas en théorie. Dans la pratique, cette désignation n’englobe pas celles des littératures d’expression française qui disposent déjà d’une institution littéraire importante. Ainsi, le Québec, la Suisse ou la Belgique se sont dotés d’institutions locales qui soutiennent le travail des créateurs par des bourses, des redevances, des structures éditoriales et de distribution, des académies, des revues critiques, des prix littéraires, des programmes d’étude et des manuels. Cela a favorisé dans ces pays une création vivante tout en suscitant l’avènement d’un lectorat relativement important, qui fréquente librairies et salons du livre, afin d’y rencontrer ses écrivains favoris. Certes, la reconnaissance par l’institution littéraire parisienne constitue toujours un supplément non négligeable, voire envié, mais elle est loin d’être le ballon d’oxygène dont a absolument besoin, en revanche, l’écrivain provenant de littératures en émergence ou de ce qu’on désigne en anglais sous l’étiquette de « postcolonial literatures ». Dans bien des cas, en effet, celles-ci ne peuvent compter que sur une institution locale inexistante ou extrêmement fragile. Ainsi, les pays de la vaste Francophonie n’ont pas de marché intérieur, une réalité que Nimrod exprime ainsi : « Nous écrivons une littérature pour un lectorat national à venir ». L’avènement d’une « littérature-monde » permettrait donc à ces écrivains de se trouver un lectorat digne de ce nom…
Cela dit, même dans les pays où l’institution est bien développée, la notion de « littérature nationale » est de plus en plus remise en question. L’écrivain se sent moins que jamais une obligation de chanter le coin du monde où il vit, ou de vivre là où se déroulent ses intrigues. À jouer le jeu de l’institution, il sait qu’il courrait le risque de se folkloriser ou d’être assimilé à un agent de communication au service de la chambre de commerce locale. Rappelant que Ying Chen est une « romancière québécoise d’origine chinoise installée en Californie », Nancy Huston trouve « essentiel que les écrivains se détournent de cette manie [de donner des étiquettes], qu’ils en rient, que poliment mais fermement ils la refusent, en expliquant de façon patiente et répétée qu’ils ne sont ni des footballeurs ni des beauty queens ni des partis politiques ni des armées, qu’ils ne jouent pas pour tel pays (ou telle langue) contre tel (ou telle) autre […] ».
Plusieurs des écrivains qui ont participé à ce collectif témoignent du long et douloureux voyage qui les a vus s’arracher à leur langue maternelle pour se mettre à écrire dans cette langue étrangère qu’était pour eux le français. Parfois, le choix du français s’est heurté à l’emploi du vernaculaire, comme chez Maryse Condé, qui dut se justifier d’écrire en français quand, vers la fin des années 1980, le créole revendiquait la totalité de l’espace littéraire sur son territoire.
À lire les témoignages d’écrivains allant dans le même sens, il apparaît que la littérature est en train de rompre le lien privilégié qu’elle entretenait avec la nation, hérité du XIXe siècle européen. Dans un monde où le nomadisme est devenu un mode de vie et où l’Internet a aboli les frontières, l’écrivain veut se sentir aussi libre de choisir son inspiration – aussi autonome en fait – que le peintre, le musicien ou le chorégraphe. Si des étiquettes peuvent être utiles aux chercheurs afin de délimiter un champ d’études, celles-ci ont le plus souvent un impact négatif sur le public lecteur, qui ne sera guère tenté de s’aventurer dans les rayons de librairie où la section « francophonie » évoque plus un ghetto que des richesses à explorer. Il en va de même pour tout rayon identifié à une littérature nationale : la démarche première du lecteur dans le choix d’un livre n’est pas de se fixer sur une zone géographique, mais plutôt sur un genre, un thème, un style ou un ouvrage paré de l’aura du succès ou de la nouveauté. En ce sens, la création du label « littérature-monde » relève d’une opération promotionnelle légitime visant à proposer une étiquette flambant neuve sous laquelle pourraient se mêler dans un joyeux désordre des œuvres de provenance variée.
4. Petit panorama des revues francophones de littérature, par discipline
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Bibliographie
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Qu’est-ce qu’être un auteur francophone ? Le Québec littéraire de Fulvio Caccia
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La présentation
Durée : 4’19
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Intervention et discussion
Durée : 57’23
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Fulvio Caccia est écrivain, poète, nouvelliste, essayiste, éditeur. Italien, il a vécu trente ans au Canada, où il connut l’expérience d’être auteur francophone hors de France. Il a publié plusieurs recueils de poésie, ainsi que quatre romans, parus aux éditions Triptyque.
Il est le représentant éditorial en France de la revue montréalaise Moebius, et dirige l’Observatoire de la diversité culturelle, créé en 2000, et la revue de littérature et de politique en ligne Combats magazine (http://www.combats-magazine.org/), périodique multilingue publié depuis 2003, basé aux Lilas.
« Amorcé il y a plus de vingt ans, mon travail a pour objet essentiel les manifestations de l’identité confrontée aux brusques changements culturels, linguistiques et technologiques de notre époque. Né en Italie, ayant longtemps vécu au Québec, j’ai d’abord exprimé ces tensions par la création littéraire notamment au travers des revues littéraires du Québec comme Moebius, La Nouvelle Barre du jour ou Liberté.
Mais cette expérience de la langue, j’ai voulu la vérifier chez les autres. Ce qui m’a conduit à codiriger une anthologie, Quêtes, qui témoigne de la transformation qui travaille la culture des fils d’immigrants au Canada au-delà de la barrière des langues. Quelques années plus tard, c’est la génération des poètes français nés après 1940 qui fut conviée dans un numéro spécial de la revue Mœbius intitulé “Panorama de la poésie française contemporaine, approche de l’an 2000”. Il s’agissait là également de saisir le déploiement d’une certaine francité à travers le langage même de la poésie. Cette démarche devait se poursuivre avec Voix d’Irlande et du Québec.
Membre fondateur de la revue montréalaise Vice versa, créée en 1982, j’ai été impliqué de très près dans la redéfinition de la notion de “transculturation” que le Cubain Fernando Ortiz, disciple de Malinowski, devait forger il y a soixante ans pour rendre compte de la diversité ethnolinguistique de son île natale.
Cette problématique s’appuyait sur l’expérience de l’immigration et de la colonisation pour saisir la façon dont l’objet de recherche mue et se déplace vers le symbolique. La finalité était bel et bien de penser la culture par-delà les contingences anthropologiques. Sous le signe du Phénix, série d’entretiens avec trois générations d’artistes d’origine italienne au Canada, témoigne de cette transformation. Sous un autre registre, Métamorphoses d’une utopie fit de même en réunissant les actes d’un colloque à Paris III que j’ai codirigé. L’étude du roman francophone issu de l’immigration pouvait donner de précieuses indications sur l’originalité et les limites de ces nouvelles représentations. J’en fis l’objet de mon intervention.
Au cœur de ces interrogations sur l’américanité, le statut identitaire et politique de l’Amérindien détient une place déterminante. Je lui ai consacré un important dossier qui fut publié dans les pages du mensuel Le Monde diplomatique, aboutissement d’une série d’articles sur le Canada, portant aussi bien sur sa littérature que sur les conflits linguistiques, dans diverses publications, comme la revue Historia.
Ces contributions ont fait écho à un enseignement amorcé au même moment au département de lettres modernes de Paris X et portant sur la littérature québécoise. En posant les jalons d’une approche transdisciplinaire de la littérature et de la francophonie, j’ai voulu montrer comment cette jeune littérature permet de saisir la manière dont s’exerce le pouvoir symbolique dans la société. J’ai cherché à éclairer les rapports complexes qu’une ancienne colonie entretient avec la France, la langue française, le politique et finalement avec sa propre américanité. À ces néologismes divers qui enregistrent, en fonction de leur héritage même, un état de notre culture, s’en ajoute un autre tout récent : la cyberculture. Témoin de sa dissémination médiatique aux environs de 1993 alors que je travaillais au magazine Globe Hebdo, je devais rédiger, sur demande de l’éditeur et essayiste Jean-Claude Guillebaud, un essai portant sur les représentations de la sexualité dans ce nouvel environnement virtuel. Les Connexions dangereuses parurent à l’automne 1995 et proposent une réflexion sur la manière dont toute révolution technologique reconduit les mythes de la différenciation. Comment ?
En reformalisant le matériau du langage au travers de nouveaux dispositifs, de nouveaux supports. C’est donc tout naturellement que j’ai été conduit à m’intéresser à la distribution de l’information sur les réseaux. L’absence du français sur le net m’a aiguillé sur la crise de l’universalité à laquelle traditionnellement la langue française est rattachée. En télescopant les fonctions, naguère séparées, de rédaction, d’édition et de diffusion, les nouvelles technologies de l’information banalisent l’acte intellectuel et l’obligent à se redéfinir. C’est dans cette perspective que j’inscris ma réflexion sur la francophonie et la crise de l’universalité qui lui est concomitante en revisitant la littérature francophone mais aussi les catégories du politique. En témoignent mes contributions récentes auprès des revues suivantes :
• Liberté (Montréal, Québec), dont j’ai dirigé le numéro thématique intitulé « Paris se montréalise-t-il ? » (no 270, novembre 2005).
• Revue Moebius (éd. Triptyque, Montréal) : coordination de la parution dédiée à « La passion aujourd’hui » (n° 119, automne 2008).
• D’importantes contributions auprès des revues Passage d’encres (Romainville) (coordination du cahier « Québec » du n° 36-37 : « Pourquoi le français », 2009), Riveneuve continents et Siècle XXI.
Cette expérience se complète également à travers un enseignement à l’université Cergy-Pontoise consacré à la stratégie éditoriale.
Enfin, tout récemment je publiais les actes du colloque consacré à la revue ViceVersa : La Transculture et ViceVersa, éd. Triptyque, Montréal (Québec), 2010. »
[12] F. C.,
Parcours des revues sélectionnées
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1. Mœbius, Québec
2. L’Étrangère, Belgique
3. Pylône Magazine, Belgique
4. Bon à tirer, Belgique
5. Revues plurielles, France
6. La Culture en revue (portail de la Sodep), Québec
1. Mœbius, écritures / littératures || Québec
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» Présentation sur le site des éditions Triptyque
Paraît quatre fois l’an. Prix au numéro (Canada) : 10$. Pour tout renseignement sur les commandes et abonnement, contacter Fulvio Caccia, représentant éditorial de la revue en France : fulvio.caccia@free.fr
À propos…
Durée : 10’18
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Extrait de la présentation de la revue
» Voir la page de présentation sur le site de la revue
La revue thématique MŒBIUS se définit comme une revue d’écritures et de littérature. Elle est précisément un lieu de prise de parole qui n’a que faire de l’étanchéité des genres et accepte donc tous types de textes littéraires: conte, nouvelle, court essai, poésie. Car il faut une pluralité d’écritures pour constituer une littérature.
MŒBIUS se démarque par son éclectisme et son acharnement à valoriser la découverte de nouvelles voix en littérature. Elle représente ainsi pour plusieurs écrivain(e)s en devenir un tremplin vers la publication d’un ouvrage plus important, le premier pas vers une reconnaissance symbolique et institutionnelle. Pour les écrivains plus expérimentés, elle est un endroit privilégié pour diffuser des textes courts qui ne s’insèrent dans aucun de leurs projets littéraires immédiats mais qui méritent néanmoins d’être publiés «en bonne compagnie». MŒBIUS s’est ainsi donné pour mission de constituer un creuset pour l’expérimentation de nouvelles formes, voire une fenêtre unique sur ceux et celles qui créent la littérature d’aujourd’hui et de demain.
2. L’Étrangère, revue de création et d’essai || Belgique
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À propos…
Durée : 10’51
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» Annuaire des parutions de L’Étrangère sur le site des éditions La Lettre volée
» Page sur le numéro 23/24 (2009)
Paraît trois fois l’an. Prix au numéro : numéro simple, 15 euros ; numéro double, 25 euros. » Contacts et commandes
À noter : depuis le n° 19, les parutions sont lisibles en ligne en intégralité et en accès libre (accès à partir des pages de présentation de chaque numéro).
Ainsi, pour le numéro 23/24 :
Présentation du n°23/24
Cette livraison de la revue L’étrangère se consacre à la fois à une évaluation critique de la création poétique actuelle à partir de plusieurs essais qui lui sont consacrés et, parallèlement, vise à proposer un ensemble substantiel de textes d’auteurs de la jeune génération afin d’appuyer et d’élargir le propos pour venir éclairer ce paysage qui ne se laisse enfermer dans aucune approche globalisante. Ainsi, les essais proposés tentent de cerner les tendances les plus significatives qui définissent le champ de la création sans jamais laisser entendre que le sujet serait épuisé par le tour d’horizon qu’ils proposent avec une très grande liberté d’expression et d’analyse.
En outre, si l’intention de ce numéro est d’abord de tenter de faire le point sur les sensibilités les plus manifestes, il n’en demeure pas moins qu’elle est aussi de signaler, de relever avec force même, ce qui tient de la singularité des auteurs participant à ce numéro double. Les singularités des textes ici présentés ressortent avec d’autant plus de force qu’il ne s’agissait en aucun cas de proposer aux auteurs un thème ou une ligne directrice à leur travail, mais bien de les inviter à nous soumettre des textes en marche, ceux sur lesquels ils travaillaient au moment de notre sollicitation.
3. Pylône Magazine || Belgique
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À propos…
Durée : 10’35
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» Le site de la revue :www.pylonemagazine.com/
Prix au numéros : 25 euros. » Tous les contacts
Contacter la revue en ligne » ici
Présentation sur le site » espacepoesie.be
À la croisée des genres, le magazine Pylône est un support inédit dans le monde des arts et des lettres. Ne relevant pas de la presse journalistique, il est fait uniquement par des créateurs et avec des créateurs dans un riche décloisonnement des disciplines : la littérature y côtoie la mode, la bande dessinée la photo, le cinéma les musiques actuelles. Regroupant aussi bien des auteurs d’œuvres consacrées internationalement que de jeunes talents en devenir, Pylône assure par une mise en page et un format harmonieux son rôle de publication de prestige et sa vocation à découvrir des démarches inédites.
Chaque numéro constitue une somme de pièces inédites d’artistes, d’écrivains, cinéastes, photographes, stylistes et créateurs autour d’un thème universel : l’amour, la liberté, le désir, etc. Subjectifs et généralistes, actuels et pérennes, objets de collection et abordables, les volumes se veulent constitutifs d’une petite bibliothèque du goût et de la création contemporaine, véritable anthologie portative, élégante et raffinée des personnalités qui enrichissent notre monde des choses de l’esprit.
Par son contenu et sa facture, Pylône magazine se veut un support sans équivalent dans le champ des publications actuelles. D’un hédonisme pointu, Pylône souligne un plaisir des arts et des lettres dans un mode d’accès résolument contemporain, où la mode côtoie le travail de la pensée dans tous les champs de la création actuelle. Thématique, elle réunit autour de thèmes universels un ensemble de créations et de textes dans un esprit cosmopolite sur l’axe Bruxelles–Paris–New York. Format, mise en page, support prestigieux totalement inédit adapté à la présentation de toutes les facettes de la création contemporaine par ceux qui la font. L’ensemble vise à formuler une nouvelle proposition prescriptive de magazine très stylisé, axée sur le goût, l’élégance et le raffinement et donne une approche esthétisante des œuvres de la pensée.
4. bon-a-tirer, revue littéraire en ligne || Belgique
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À propos…
Durée : 4’18
[dewplayer:http://download.audioblogs.arteradio.com/3041890_atelier_revues_contemporaines___francophonie___07-05_4._parcours_de_revues__3._bon_a_tirer.mp3]
» Le site de la revue :www.bon-a-tirer.com//a>
Parution bimensuelle. Consultation libre.
Contact : revuebonatirer@yahoo.com.
Présentation de la ligne éditoriale
[» Lire sur le site]
Bon-A-Tirer est une revue littéraire en ligne produite par la maison d’édition Revue et Corrigée, alias Ercée.
[…]
La ligne directrice de Bon-A-Tirer consiste à faire appel à des écrivains reconnus, dont les ouvrages sont disponibles en librairie francophone internationale. Belges, ou étrangers possédant un « ancrage belge » (naissance ou résidence en Belgique), les auteurs publiés dans Bon-A-Tirer sont tous des gens de lettres chevronnés qui ont à coeur d’offrir à leur lectorat belge et international des textes originaux écrits spécialement pour Bon-A-Tirer, ou des inédits, ou des articles faiblement diffusés devenus introuvables.
Les fiches bio bibliographiques des auteurs constituent un relais vers le secteur de la librairie et celui des bibliothèques.
5. Revues plurielles, le portail des revues de l’interculturalité
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Le site : revues-plurielles.org
Le portail présente 19 revues francophones, plutôt dans le domaine des sciences sociales, travaillant sur l’univers de l’interculturalité. Il s’agit aussi d’une base de ressources où les articles des revues sont accessibles, soit en consultation libre, soit en consultation payante. L’association des Revues plurielles, qui administre le portail, propose également des événements (rencontres, colloques) et réalise des publications : ainsi Allers-retours, ouvrage collectif paru en 2008 [» voir la page de présentation de l’ouvrage].
» Les contacts
Les objectifs du portail
[…] L’Association des Revues plurielles (ARP) a pour but la promotion sous toutes formes des revues plurielles. Les revues plurielles sont les revues adhérentes à l’association et réunies par un certain nombre de motivations communes. Ces principes ou objectifs partagés et défendus par toutes les revues sont notamment :
• Le souci de favoriser les réflexions et les expressions relatives au pluralisme culturel et aux mobilités migratoires dans le monde d’aujourd’hui ;
• La promotion des cultures du monde et du dialogue interculturel ;
• La lutte contre les préjugés racistes et xénophobes et toutes les formes de discriminations liées à l’origine, la race ou la religion ;
• Et plus généralement toutes les activités tendant à promouvoir la diversité des cultures sous toutes formes ou concourrant à cet objet.
Le site internet de l’ARP accueille les revues adhérant et correspondant à ces objectifs. Outre la visibilité qu’il offre aux revues et l’intégration de leurs sommaires dans la moteur de recherche global, il offre aux revues la possibilité de vente en ligne aussi bien des exemplaires imprimés que de leurs contenus numérisés (en cours de réalisation).
6. La culture en revue, portail de la Société de développement des périodiques culturels québécois
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Le site : www.sodep.qc.ca/
Le portail présente une quarantaine de revues artistiques, culturelles et/ou littéraires québécois de langue française. Le but est de donner une visibilité à ces titres, et de fournir une plateforme de commande et de diffusion unifiée. Une navigation sur le portail permet de se faire une idée du dynamisme culturel québécois francophone.
» Les contacts
Présentation
Fondée en 1978, la Société de développement des périodiques culturels québécois (SODEP) est un organisme à but non lucratif, constitué juridiquement depuis 1980. Elle est la doyenne mondiale des associations vouées à la défense et à la promotion des revues culturelles. Nos principaux objectifs sont :
• de représenter les éditeurs de revues culturelles;
• de promouvoir leurs intérêts professionnels, éthiques et économiques;
• de travailler à l’épanouissement et à la visibilité des revues culturelles;
• d’agir comme groupe de pression pour la valorisation et la défense des revues culturelles;
• d’améliorer les conditions d’exercice de la profession et de contribuer à la professionnalisation de ses membres;
• de créer et de maintenir un secrétariat permanent;
• d’offrir à ses membres des services administratifs, juridiques et de relations avec le public;
• d’assurer des rapports suivis, notamment avec le monde de l’imprimé, mais aussi avec les autres associations d’éditeurs, les libraires, les bibliothécaires, les distributeurs de même qu’avec les milieux de l’enseignement et des médias;
• de favoriser les échanges internationaux.
La SODEP est membre de la Société québécoise de gestion collective des droits de reproduction (COPIBEC), du Conseil québecois des ressources humaines en culture (CQRHC), de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain et de Culture Montréal.